La course était il y a plus d’un mois et demi… j’ai un peu tardé, oui !
Il s’agissait de ma première course officielle depuis le semi.
Après le semi, j’ai fait un “break”. Un peu trop long au final. J’ai arrêté de courir pendant plus d’un mois et demi… au début c’était pour reposer mes jambes, mon corps et puis.. et puis le temps me manquait. Alors quand j’ai rechaussé les baskets, c’était galère. On progresse vite en course à pied, mais on perd vite également ! L’impression de ne pas tenir plus de 5 km, les membres qui tirent de partout et le souffle court.. voilà voilà ! Alors j’ai repris doucement, pour ne pas me blesser. En ayant en tête mes 2 courses de l’automne.
Et puis on m’a proposé de participer au Dix km pour elles, avec Eat Natural et Anne & Dubndidu. Je n’avais pas vraiment prévu de faire des courses intermédiaires mais c’était l’occasion de reprendre l’entraînement.
Je n’avais donc pas couru plus de 8 km avant la course. Mes 8 kms avaient été un peu difficiles, jambes de béton rapidement. Le souffle suivait mais pas les jambes.
Le jeudi avant la course, nous avons fait un entraînement avec Anne et une partie de l’équipe (majoritairement des personnes ayant gagné leur place via les concours de Anne) au jardin des Tuileries. Au programme, petit tour d’échauffement et fractionné. 2 x 7 x 30-30. La base. Le souci ? Quand je fais du fractionné d’habitude, c’est seule. Je fais donc la course avec moi-même. En me concentrant sur mes jambes. Là, j’avais des personnes plus rapides, qui poussent (ou plutôt tirent) à se dépasser.. Résultats ? Une bonne séance mais des courbatures pendant 48 heures !
Nous avons donc récupéré notre dossard la veille, fais des bisettes à Anne. Le jour J nous nous sommes toutes retrouvées avant pour les derniers préparatifs. Un pipi. Deux trois papotages. On était pile la période de la crue de la Seine. L’organisation était donc différente de l’année précédente pour la Nike Woman.
On se dirige doucement vers la ligne de départ. Premier constat : il y a beaucoup beaucoup moins de participantes que l’année dernière. Tant mieux, ça sera plus vivable au début et moins slalom. On se met au début du SAS – ou plutôt du panneau indiquant notre temps car pas de SAS à proprement parler. J’ai l’impression que j’ai envie de faire pipi. Ah ! Les toilettes sont juste là ! On part avec 2 membres du groupe.
Le temps est un peu long dans le sas. On discute.
Tiens j’ai encore envie de faire pipi. Je suis sûre que si j’y vais maintenant la foule va avancer et je vais perdre le groupe. La foule avance. Tu vois, je te l’avais dit !!
J’ai envie de faire pipi. Et ma voisine aussi. On tente une percée jusqu’aux toilettes (=100m vu le peu de monde..). On tente de retrouver les autres (dans une marée de T-Shirt bleus). On est en place… arrive donc maintenant le minute à minute. Une tradition, maintenant !!
9h50. Échauffement. On sautille, on bouge les bras, on tend les jambes.. Les jambes ? Je crois que j’ai oublié un truc… Ah pourtant elles sont bien là… Je sens que mes jambes sont encore en train de dormir. L’entraînement est bien, pour une fois, je vois le coach. C’est dynamique, entraînant !
9h58. On ressert les rangs juste avant le départ.
10h. Le départ est donné ! La foule s’élance sur le quai. Je passe le portique environ 25 secondes après le départ, c’est vous dire le peu de monde..
10h03. Je me concentre sur ma musique, introspection. Nous montons le faux plat devant le dos de la gare, les jambes tirent un peu. Il s’agirait de se réveiller mesdames !
10h06. Premier virage, ça passe sans encombre comparativement à l’année dernière où l’on se marchait à moitié dessus à chaque changement de direction.
10h08. Il fait humide. Pas chaud mais humide. Ah tiens, un T-Shirt vert. Elle a l’air de courir un tout petit peu plus vite que moi.. Tu seras mon lièvre madame !
On attaque le boulevard. Qui sera un TRÈS long boulevard. Mais ça je le savais pas encore.
10h08. J’ai chaud à cause de l’humidité. J’ai envie de rentrer chez moi. Le stade du doute. L’hypocondriaque de mon cerveau se réveille. J’ai peur de trop tirer et de me faire mal. Mauvais souvenir de mon genou l’année dernière.
10h09. Il est long ce boulevard. Tellement long !!
10h11. OK. Je viens de perdre mon mollet droit. Je sens qu’il est tout dur. C’est pas comme si j’avais encore 8 kilomètres à tirer. Je tente de courir en étirant au maximum la jambe. Je sens que ça fatigue. D’après ma montre, je ne cours pas excessivement vite. Je suis à 75% de ma VMA, ce qui n’est pas non plus foufou sur un 10km !
10h13. Je tente de me changer les idées en regardant les chaussures des autres coureuses. Il s’arrête donc jamais ce boulevard ??
10h14.Il n’y a pas beaucoup de nouvelles chaussures. Mon analyse : Visiblement il y a une grosse préférence pour Nike. J’ai vu pas mal d’Adidas aussi, quelques Mizuno et quelques Asics. Ça manque de variété tout ça. Moi qui cherchait de nouvelles chaussures..
10h14-45sec. Mon esprit doit être occupé autrement. Je fais donc une étude des pantalons maintenant.
10h16. Ah. Ma cuisse droite vient de me lâcher tout comme mon mollet gauche. J’ai donc les 2 jambes crampées. Merci les filles, je fais comment pour les 7 km restant là ???
10h17. Avec le recul, je suis peut être partie trop vite. Mais je sentais mes jambes, mon temps de passage était dans la plaque. L’objectif est juste de faire moins que mon dernier 10km.. soit moins de 58″32.
10h19. Je n’ai plus aucune distraction si ce n’est regarder les coiffures de mes congénères. J’ai perdu mon lièvre de vue. Je suis en train de ralentir. Je veux rentrer chez moi et dormir.
10h20. Il reste un peu plus de 6km avant ça… déso.
10h21. On aperçoit au loin la place Denfert. Ouais ben c’est le cas de le dire. L’enfer. Il y a une bruine qui sert vaguement de brumisateur mais ça suffit pas. J’ai chaud. J’en ai marre. J’essaye de persuader mon cerveau qu’il faut continuer… J’ai l’impression de ne pas rebondir autant qu’avant.. Il faudrait peut-être que je change de chaussure..
10h22. Denfert Rochereau. J’ai soif. Et… ben il est où le ravitaillement ?? Mais l’année dernière il était laaaaaa. J’ai envie de prendre le métro… Hey maaaais : à partir de là ça descend. Hé hé. Repos des jambettes.
Plus que 6 km. C’est quoi 6 km…
10h24. J’élance mes jambes au maximum, j’essaye de retrouver de la vie dans mes cuisses et mes mollets. Je lève la tête et je souris. Bêtement. Je souris au monde pour changer mon état d’esprit. Je dois avoir l’air débile mais je m’en fou. Je suis une antilope qui galope, que dis-je, je suis un guépard !
10h26. Ravitaillement. Avec gobelet d’eau. J’en bois la moitié en trottinant, je m’en renverse un quart sur les chaussures et me verse le dernier quart dans la nuque.
10h27. Je me sens mieux, je cours légèrement moins vite mais je ne ressens plus la fatigue dans mes jambes ou dans ma tête. J’aime bien ce côté de Paris.
10h28. Nez qui pique, nez qui pique. On s’approcherait pas de.. atchhha. Oui on se rapproche du jardin du Luxembourg et je crois qu’il y a du pollen. Il y a de nouveaux des gens pour nous encourager. Sourire sourire pour croire qu’on voit pas que je suis rouge écrevisse.
10h29. On tourne à droite en direction du panthéon. Faux plat et démotivation. Autant courir en direction du monument était un peu grisant… mais le contourner pour revenir sur ces pas… Je me sens bien. Mes jambes semblent rouler tranquilles. Mon souffle est posé. Je pense déjà à la descente qui arrive…
10h32. On croise les filles qui courent en direction du Panthéon. Sourires et encouragements.
10h33. On tourne à droite pour rejoindre le boulevard… plus de musique. J’attends un peu. Mais rien. Juste le son de mes pas sur le bitume. Obligée de tourner ma ceinture pour récupérer mon portable et voir le souci (et risque le point de côté côté de la mort comme au semi-marathon).
10h35. Musique réenclenchée mais déjà un tiers de la pente passée.. J’essaye de me concentrer sur ces 2 tiers restants et ne pas penser. Je lâche mes jambes.
10h38. 7km de passé. Plus que 3. La fatigue est là mais j’ai enclenché le rythme de croisière. Je vois de plus en plus de filles marcher et je les encourage.
10h45. 8ème km. J’aime bien quand je ne vois pas passer les kilomètres. La ligne d’arrivée n’est plus qu’à 2km !!!
10h46. Passage inopiné d’un scooter suivi d’une mamie en déambulateur. Ils se sont donné rendez-vous ?? C’est vrai que ça manquait, je n’en avais pas encore eu. Slalom pour éviter la collision.
10h48. Je n’aime pas ces 2 derniers kilomètres car c’est en ligne droite et c’est faussement plat. Je m’occupe l’esprit en faisant des hypothèses de temps. Vais-je réussir à rester sous les 58mn ?
10h49. Passage devant le jardin des plantes. Une fille est en train de rendre son petit-dej. Ça devient de plus en plus récurant ce genre de choses… On attaque la légère pente de la gare d’Austerlitz. Couverture de survie et samu s’occupe d’une coureuse. Rester concentrée commence à être de plus en plus difficile d’autant que la fatigue se fait sentir.
10h53. Montée du pont d’Austerlitz. L’année dernière la ligne d’arrivée était une centaine de mettre plus loin. Je regarde ma montre qui m’annonce que j’ai encore bien 600m à tenir. Je tente de courir plus rapidement. Chaque pas est important pour sauver des secondes. Je suis concentrée sur une seule chose : la ligne d’arrivée et mon sprint final.
10h54. Ai-je assez d’énergie pour speeder 300m ? A partir de quand je me mets à speeder ? J’ai décidé de speeder à partir du moment où je voyais la ligne. Il me reste 400m. Cela fait 55mn que je cours. Je devrais y arriver.
10h55. J’aperçois la ligne à 200m. Je mets le turbo au niveau des jambes. J’essaye d’adapter ma respiration aussi.
10h56″25. 150m.
10h56″45. 100m. Mes yeux sont rivés sur le chrono. Chaque seconde compte. Je suis proche des 57″. Vais-je passer en dessous ?
10h56″55. 50m. Haut-le-cœur. La ligne d’arrivée devient floue. Je décide de ralentir. (J’aurai bien voulu vous poster une photo de moi juste avant la ligne d’arrivée mais croyez moi, sur la photo officielle, on voit vraiment que je souffre.)(note personnelle : repérer les photographes)
10h57″03. 25m. Je garde une allure en tirant sans trop tirer car ça serait dommage de s’effondrer juste avant la ligne.
10h57″14. Je passe la ligne d’arrivée. Je mets le frein à main de mes cuisses. J’ai les jambes en compote. Je continue de marcher pour ne pas tomber vu comme j’ai la tête qui tourne. J’ai ma médaille. J’ai battu mon précédent score. De peu, mais dépassé. J’ai gagné 1mn20. J’ai progressé c’est tout ce qui m’importe !!
Cette course m’a appris quelque chose de très important : elle m’a montré l’importance du mental en course à pied. Que l’on trouve la force physique grâce à la force de son cerveau, qu’il faut l’entraîner autant à courir. En étant positif, en se motivant, en trouvant des distractions, des mini-défis dans le défi, qu’il faut se parler dans les moments de doute, croire en soi, surtout. Peut être que j’en ferai un article a part entière..
En tout cas, merci Eat Natural de m’avoir à nouveau fait confiance.
Merci Anne pour ta disponibilité, cet entraînement et cette positivité !
Cool le récit, j’adore comme toujours !!! Et encore bravo pour ce chrono de folie.
Pour le mental je confirme, souvent les jambes semblent ne pas vouloir courir mais en les motivants on peut les réveiller !!!!
J’applaudis des 2 mains,et même des 2 pieds. BRAVO et bisous Chris 06