Avec quel poisson est fait le surimi ? Comment ce poisson est-il pêché ? Est-ce que la pêche au colin d’Alaska est responsable ? Tant de questions auxquelles j’ai pu répondre.
Si on m’avait dit, fin février, qu’en répondant à un mystérieux mail, je serai en Alaska 4 mois plus tard, je n’y aurai jamais cru. Et pourtant, Fleury Michon l’a fait, via son opération #VenezVerifier, dispositif auquel j’ai été intégrée en tant qu’influenceur. Je vous ai déjà parlé de cette opération, de la fabrication du surimi Fleury Michon. Je vous parlais de surimi… quand bien même, sur le blog, il n’y a pas une seule recette à base de surimi ! Étrange non ? Voire peut-être même carrément déconcertant..? Pourquoi je participerais à une opération autour du surimi alors que moi-même, je n’en consomme pas réellement ?!
A l’origine, je mangeais du surimi. J’ai mangé du surimi étant enfant dans les salades de pâtes que ma mère préparait l’été. J’ai parfois grignoté du surimi à l’apéritif également… Et puis, un jour, j’ai arrêté. J’ai arrêté d’en manger parce que je ne savais plus trop quoi en penser. J’ai arrêté parce que je lisais beaucoup de choses – “On te fait croire que c’est du crabe mais y’en a pas” / “C’est des restes de poisson” / “On te fait croire que c’est du poisson mais y’en a pas” / “C’est que des déchets de poisson, ce qu’on peut pas vendre autrement” / “C’est plein d’eau et d’additifs” – Bref, un cocktail un peu détonnant.
Lorsque l’on regardait de plus près la liste d’ingrédients… ça faisait mal, très mal ! Depuis que j’ai lu le livre “Le bon choix au supermarché” (et depuis que je travaille dans ce milieu), je fais plus attention à la composition des produits… Et dès que ça parle en “ol” ou en “ose” à tout va, j’évite le produit ! J’avais donc fait une croix sur le surimi.
Lorsque j’ai été intégrée à cette opération “de transparence”, je me suis dit que c’était l’occasion de voir par moi-même, de me faire ma propre opinion. Lors de la visite de l’usine de surimi, j’avais déjà été agréablement surprise. Mais l’inconnu, le “cœur du problème” si je puis dire, persistait :
Quel poisson est utilisé dans le surimi ?
Vous raconter en détail ces 10 jours serait très long, pas fastidieux, encore moins ennuyant, mais surement beaucoup trop long pour que vous lisiez tout. Je vais donc mettre de côté Seattle, pour me concentrer sur les 2 grands temps forts en Alaska :
1 – la pêche – dans cet article
2- l’usine de fabrication des pains de poisson, ou “surimi base”
Afin de vous expliquer tout en détail, et éviter le billet avec 300 photos, voire pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps (…) je vais faire 2 billets séparés. Je vais donc revenir aujourd’hui sur une merveilleuse aventure humaine, sur une expérience intense, enrichissante et certainement inoubliable : Une journée en mer sur un chalutier.
Lever 4h45. Les poissons ne dorment pas. Les pêcheurs non plus visiblement. L’œil rouge, encore endormi, tout le groupe s’est dirigé un peu difficilement vers le port. Nous avons retrouvé Nick, Glenn et Rob, nos 3 pêcheurs so famous en France !
Oui, pour ceux qui en doutaient, les 3 pêcheurs que l’on peut voir dans la publicité Fleury Michon, sont des VRAIS pêcheurs, qui travaillent RÉELLEMENT sur un chalutier. Ce ne sont pas des acteurs que vous allez retrouver dans une prochaine pub pour des assurances ou du papier toilette. Ces pêcheurs sont 3 des membres de l’équipage de l’Arcturus, un des chalutiers de la compagnie Trident SeeFood.
Pour plus de sécurité, notre groupe de 16 personnes était divisé en 2 bateaux lors de cette sortie : l’Arcturus et le Northern Patriot. C’est sur ce second bateau que j’ai vécu ma journée en mer.
Nous avons eu beaucoup de chance. La mer était plate. Je redoutais un petit peu la journée en mer après mon magnifique exploit lors de l’amarinage… où j’ai pu confirmer que j’avais le mal de mer. Et pas qu’un peu. Très peu de vent, des toutes petites vagues de rien du tout. On ne sentait absolument pas que l’on était sur un bateau, même à l’intérieur. Le rêve.
La pêche au colin d’Alaska
Après de longues minutes de navigation, notre bateau s’est stabilisé. Vint alors LE moment tant attendu de la pêche. Perché du haut du pont, nous avons observé cette manœuvre. Tout est précis, chacun sait exactement quoi faire et à quel moment. Le filet est déroulé petit à petit. J’ai été étonnée de la rapidité avec laquelle tout est fait. 15 minutes de rush pour quelques longues heures à attendre que le filet se remplisse. Sur notre bateau, le filet pouvait accueillir jusqu’à 300 tonnes de poisson. Il faut donc pas mal de temps pour qu’il soit plein.
Une autre chose m’a également stupéfaite : la part de la technologie. De son siège, le capitaine a accès à une multitude d’écrans desquels il peut tout gérer (ou presque – pour la machine à café, faut encore se lever). Je ne rentrerai pas dans les détails, car ils me dépassent, mais par exemple le bateau est équipé de sonars qui permettent de repérer les bancs de poissons. Quant au filet, il est relié à un système qui permet de définir à quel moment le filet est plein et qu’il peut être remonté. Il y a plein d’autres écrans qui permettent par exemple d’avoir la météo ou encore de définir la route que doit emprunter le bateau (qui se conduit « tout seul » à partir de ce moment-là… ou presque !)
Le moment où le filet est baissé n’est pas le moment le plus palpitant. Ce n’est jamais que des centaines de kilos de cordes colorées qui tombent dans l’eau. Pas folichon. Par contre, le moment où le filet remonte…
On sent le bateau lutter contre le poids du filet qui résiste. Les filins sont tendus et tirent, petit à petit, le filet à l’intérieur. Ce dernier glisse alors sur le pont du bateau, puis il est ré-enroulé, libérant ainsi son contenu qui va glisser tout doucement de lui-même dans la cale.
Bon, ok, vous allez me dire “C’est cool, tu es allée à la pêche ma grande ! Bravo ! Mais là, tu nous racontes pas réellement ce que l’on veut savoir ! Quelle assurance on a que tu n’es pas en train de pêcher impunément des milliers d’autres espèces au lieu du Colin que tu nous annonces ? Et comment savoir quand le bateau doit s’arrêter de pêcher ? Et comment être sur que tu pêches bien des poissons en âge d’être péché ?”
Bon, OK, toi, tu veux qu’on se parle sérieusement.
Surimi Fleury Michon : Une pêche responsable
Si nous ne sommes pas allés directement en Alaska, et que nous sommes passés par Seattle, ce n’était pas seulement pour visiter le Space Niddle et le Pike Market. C’était aussi pour nous rendre au siège de la Genuine Alaska Pollock Producers (GAPP), l’organisme qui regroupe les différentes pêcheries de colin, où nous avons pu nous rendre compte des précautions prises pour cette pêche afin qu’elle puisse être qualifiée de pêche responsable. Le mot important à retenir de cette réunion est quota.
Qu’est-ce qu’un quota de pêche en Alaska ?
Afin d’éviter d’éradiquer le colin de la surface de la planète, ou plutôt de la profondeur des mers, il existe un certain quota de pêche par année. Ce quota est calculé par cet organisme, en prenant en compte de nombreux critères. Chaque année, un certain quota global est fixé. Le quota est ensuite divisé entre les différentes sociétés de pêcherie industrielle qui pêchent le colin. Chaque pêcherie va ensuite répartir le quota entre chacun de ces bateaux. Je te la fais courte, mais si tu veux en savoir plus, on peut en discuter dans les commentaires !
Que se passe-t-il si parmi les colins pêchés il y a un saumon ?
C’est une espèce protégée aussi, n’est-ce-pas ? (Ben oui, ça peut arriver qu’un intrus se glisse dans le filet… qui n’a jamais eu une potatoes dans ses frites au Mc Do ?!) Ces prises “non voulues” sont appelées “pêche-accessoire”.
A l’instar du quota du colin, chaque pêcherie, et donc chaque bateau, a son quota d’autres espèces. Si le bateau atteint son quota d’une autre espèce alors qu’il n’a pas atteint son quota du poisson qu’il est censé pêcher, alors il doit arrêter de pêcher quand même. Cela incite donc les bateaux à limiter leur niveau de pêche-accessoire.
Comment s’assurer que tout cela est bien respecté ?
Sur chaque bateau, il y a un “agent gouvernemental” qui est en charge de comptabiliser cette pêche-accessoire, par une série de mesures statistiques. Il échantillonne, pèse, compte, mesure… Il est en charge de tout recenser. Tout est à nouveau répertorié lors du tri qui est effectué à l’usine de transformation des poissons.
Les manœuvres de pêche ne sont qu’un petit moment de la journée. Le bateau est donc un véritable lieu de vie, avec pièces communes pour discuter, manger, jouer, échanger. Je dois vous avouer que cela doit être difficile, à la longue, de vivre tout le temps sur un bateau ! L’horizon a perte de vue, la perte des repères une fois très éloigné des terres, lorsque la mer se confond avec le ciel, l’impossibilité de se balader… l’impression d’être un peu une souris en cage, en quelque sorte. Je trouve que ces hommes ont du mérite, de passer plusieurs longues journées dans leur bateau, dans des conditions parfois très difficiles !
Lorsque nous sommes revenus sur l’ïle de Dutch Harbor, la lumière rasante du soleil faisait éclater le vert des montagnes de l’île. Le moment était jute magique, les sensations uniques. Nous avions le droit à un spectacle rare, puisque le temps est visiblement plutôt gris-pluie que soleil-magie ! La nature s’est vraiment donné en spectacle, allant même jusqu’à nous offrir un arc-en-ciel, comme la cerise sur le gâteau. Plus ça aurait été trop, vraiment.
Hormis ces paysages à couper le souffle, la nature nous a également gâté de quelques animaux marins. Outre les quelques oiseaux qui nous ont suivi tout le long de notre voyage, et qui semblaient vraiment apprécier notre pêche, nous avons eu la chance de voir des baleines et des dauphins. Nous n’avons pas eu la chance de voir le nez d’une baleine… elles ne nous offraient que leur dos et leur queue, mais c’était déjà plus que tout ce que l’on pouvait imaginer !
Nous sommes donc rentrés après 18h de navigation en mer, légèrement fatigués, mais également tous grisés de ce que nous avions eu la chance de voir.
Alors non, nous sommes loin de la petite embarcation du pêcheur qui va venir vendre sa cagette de poisson à la criée (mais pensais-tu vraiment que ce poisson-là venait du marché du coin ;-) Oui, il s’agit de pêche industrielle, sur de grandes quantités, pour répondre à la demande, mais il s’agit de pêche responsable, qui se veut protectrice des espèces en n’épuisant pas les stocks de poissons, et en n’allant pas « racler » les fonds marins.
Maintenant, nous avons du poisson fraîchement pêché d’un côté et des pains de chair de poisson congelés de l’autre…. Et comment passe-t-on de l’un à l’autre… Tout ça, je vous le raconte bientôt !
Magnifique ! Et quelle chance tu as eue de participer à ce voyage !
Moi qui rêve de l’Alaska depuis un moment, et qui ralait de ne pas avoir été selectionnée, me voilà consolée en voyant tes jolies photos et tes explications.
Merci de partager ça avec nous, et ravie que les fans de l’Alaska comptent une adepte de plus ! :)
Très intéressant comme article! Vivement la suite!
Magnifique !!!
Génial ton reportage !
Y’a un truc que je me suis toujours demandé après avoir comparé de nombreux emballages de surimi (la crainte d’acheter n’importe quoi peut-être, ces produits pouvant vite être chers ramenés au pix du poisson frais …) et peut-être auras-tu un élément de réponse : sur certains emballages de surimi, quand on regarde la composition, le premier ingrédient qui vient en tête est … le surimi ! Du surimi fait à partir de surimi, vous m’en direz tant !!! “Et la poule, elle est venue avant l’œuf ou pas ?!” Ca m’a toujours étonné et n’ai jamais su pourquoi … des rebus de surimi peut-être mais pas sur …
Très bonne question :-)
Le “surimi” signifie en japonais “chair de poisson lavée”, et désigne initialement la base de poisson utilisée pour faire les bâtonnets de surimi, base que j’ai appelé dans l’article “pain de poisson”. Ce qu’on connait aujourd’hui comme “surimi” était initialement appelé “bâtonnet de surimi” et est devenu “surimi” par “abus de langage” en quelques sortes. Il est donc normal que l’on voit “surimi” dans certaines listes d’ingrédients. Néanmoins, le “pain de poisson” peut ne pas être constitué uniquement de chair de poisson, et ça, je vous en parle dans le prochain article :-)
C’est donc cela l’explication … c’est plus rassurant d’un côté de savoir que c’est juste un abus de language. Ouf, l’expérience Surimi peut continuer ! Merci beaucoup =).
Magnifiques photos, ça donne envie !!
Comme je l’ai dit dans la partie 2, merci pour cet article intéressant ! On ne s’attends pas forcément à voir de vrais pécheurs dans la pub et puis … Ces photos ! Ça laisse rêveur derrière nos écrans !
merci j admire votre aventure comme marin brave fort qui nourisse le monde par ton fatigue et courage de poisson peche